En atyendant, je me suis promenée dans la neige ce matin, avant qu’elle ne se transforme en pluie. C’est si bon… je me sens si bien dans la nature. Je me sens toujours optimiste après avoir retrouvé mon chemin. Je me dis que je vais me régaler cette semaine, puisque enfin, ce sera une semaine normale, ou presque. J’adore quand la routine est bien respectée, comme tout Aspie. A propos, je commence à réaliser, et donc, à respirer… je suppose que ça ira mieux demain. Je devrais en profiter pour le dire à des connaissances de forum qui m’ont soutenu depuis le début dans le diag… Tout ces hommages à Johnny Hallyday ont dû me remuer un peu, aussi. Moi, je n’étais pas liée à lui, mais il y a eu tant de tristesse ce week-end que c’etait difficile de ne pas la ressentir. Même pour moi et mon syndrome.
]]>En même temps, je suppose que c’est normal. Il ne date que de deux jours. Même si j’ai l’impression que cela dure une éternité tant mes pensées sont mélangées.
Le mot "autisme" est chargé de tant de représentations… j’ai du mal à me l’approprier, parce que, malgré toutes les recherches que j’ai faite, malgré tout ce que je sais, malgré le fait qu’il s’agit d’un "spectre"... et bien, j’ai encore du mal à considérer que mes difficultés, reelles, mais je m’en sors à peu près, sont à ce point fortes, suffisamment pour être de l’autisme. Et je me rends compte, de plus en plus, de tout ce que ça m’a couté jusqu’ici, de juste vivre. Ça fait un peu un coup, même si je suis soulagée de savoir. Pour ma mère, c’est pareil. On est un peu sonnés, et pourtant, je m’y attendais depuis deux ans.
Je ne réalise pas trop, en fait. C’est comme si il y avait deux entités en moi, une, celle que je suis ou que je croyais être, et l’autre, exactement pareille, mais plus mysterieuse, cette jeune fille porteuse d’un syndrome d’Asperger et qui toute sa vie, s’est battu, sans que la première entité ne parvienne à réaliser qu’il suffirait d’accepter pour qu’elles se rejoignent et fusionnent. Je ne réalise pas non plus que, ça y est, il n’y aura plus d’angoisses identitaires. Je sais, maintenant. Je ne suis pas nulle, je ne suis pas bête. Ni paresseuse, ni lamentable. Je suis juste différente. Et ça… cela fait tellement de temps que je me sentais mal à cause de ce que je percevais de moi… que de me dire que j’y suis parvenue, que j’ai reussi à me trouver, je peux à peine y croire.
J’accepterais. Avec du temps…
]]>Cette fois, j’avoue qu’il est particulièrement difficile d’imaginer un élément plus déclencheur que celui-ci. À partir d’aujourd’hui, je dois accepter de vivre avec une nouvelle identité, et faire ma vie avec elle. Alors à nouveau, j’ai senti que je DEVAIS. Et je ne sais pas pour combien de temps.
Ça a commencé depuis ma naissance, depuis que mes parents, les adultes en général, m’ont trouvé différente des autres enfants. Et depuis que moi, du haut de mes 9 ans, je me sentais aussi différente. Et puis, il y a eu des difficultés sociales chaque fois plus fortes. Chaque année, le gouffre entre le monde et moi se creusait. D’abord avec mes camarades, au collège, un peu en primaire aussi, c’est vrai, mais surtout au collège. Rejet, isolement, harcèlement… et puis les cours par correspondance après trois mois de lycée déjà chaotiques et mon journal d’ado. Et puis, avec mes rares amis, aussi. Et puis avec le monde entier, quand je me suis retrouvée totalement seule et que je faisais des crises à chaque fois que je mettais un pied dehors.
Mais c’est surtout depuis ma 3e année de licence. Tout allait bien, je réussissais, je travaillais seule chez moi, et du jour au lendemain, mon mental a craqué. Je me suis tant affaiblie, psychiquement, physiquement, que j’ai arrêté des études brillantes.
J’ai pris une année sabbatique. Je me suis dit que j’etais peut-être juste très fatiguée, mais quand j’ai repris mes études, j’ai tenu encore moins longtemps avant que ça ne recommence. Je n’etais plus capable de rien faire et encore moins de me concentrer, je me sentais glisser vers un échec qui, avec mes idees noires, aurait pu être très lourd de conséquence.
C’est le psy qui m’a dit que j’avais peut-être ça. Je ne pensais pas que c’était possible sans le savoir. Mais après discussion et renseignement, j’ai appris qu’en fait, ce n’était pas rare, que beaucoup de gens reussissent à s’adapter au point que personne ne peut remarquer l’autisme derrière la montagne de déguisement de normalité. C’est ce qu’on appelle "faire le caméléon". Jusqu’au jour où la comédie devient trop lourde à supporter. Et que le masque se fissure. Quand il le fait, ce n’est pas en silence…
J’ai appris que cela arrivait surtout pour les filles, parce que les traits autistiques sont moins marqués ou différents, qu’elles s’adaptent souvent mieux que les garçons. J’ai surtout commencé à comprendre que c’était en effet bien possible. Pour le psy, je devais faire un bilan au Centre Ressource Autisme, ils etaient les meilleurs pour faire un diagnostic…
En tout, il y a eu presque deux ans d’attente. Deux ans de doute. Deux ans à vouloir revoir ma vie sous cet angle, mais sans oser parce que je n’étais pas encore sûre. Deux ans de grands bouleversements mentaux et de jours passés à m’interroger. Un jour, c’etait sur, je l’étais. Le lendemain, non, je ne l’étais pas en fait…
Au CRA, j’ai passé un premier entretien. Puis, comme il était concluant, toute une série de tests. Des tests pour les compétences sociales, des tests pour mon fonctionnement cérébral, des entretiens filmés, des questions sur ma vie. Un test de QI. Des descriptions d’images, des questionnaires. Des échelles pour mes parents, qui devaient répondre a des questions sur les premières années de ma vie…
Honnetement, j’avais peur que ce ne soit pas ça. Pas parce que je voulais être autiste. Qui voudrait ça ? Mais parce que toutes ces démarches sont très fatiguantes, que les faire pour rien était décourageant, et que j’espérais enfin avoir des réponses à toutes ces choses. Je me sentais perdue, je ne savais plus quoi faire, et je ne savais pas comment j’allais faire pour faire ma vie avec autant de limitations, sans réponse.
Et puis hier, voilà. Résultats positifs à tous les tests sans exception. Fonctionnement cérébral typique. Unanimité de l’équipe. Profil classique, tout concorde, aucun doute permis.
Diagnostic : Trouble du Specte Autistique, et plus précisémment, Syndrome d’Asperger.
Je pense donc qu’écrire mes pensées mélangées peut m’aider. À accepter ce diagnostic, à réaliser que je suis… et bien, autiste. À avancer un peu. À soulager un peu cette sensation d’irréalité qui m’étreint. E
Je me suis tellement adaptée pendant des années… 20 bonnes années… que j’ai entraîné mon psychisme et ma santé au bord du gouffre. Actuellement, c’est ainsi que mes interruptuons d’études s’expliquent. À force de devoir s’intéger, mon corps et mon cerveau se sont épuisés.
Je ne sais pas quand je ressentirais que le moment est venu d’arrêter, mais je sais qu’il est venu de commencer. Il est tellement plus simple pour moi d’écrire que de parler… J’ai déjà écrit ma gie, maintenant je l’écris en tant qu’Asperger… j’espère que ça m’aidera.
Ah, oui, je pense le rendre public. Tout ce qui peut faire tomber les préjugés et faire mieux connaître le syndrome… Ne serait-ce pas plus utile encore comme ça ?
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