Ma vie en tant qu'Aspie

Mes deux entités

Ce n’est pas aujourd’hui que je vais intégrer le diagnostic. Lorsque j’y pense, j’ai la sensation que tout est changé autour de moi et que je vis dans une sorte de rêve éveillée, une autre dimension, irréelle mais pourtant bien présente.

En même temps, je suppose que c’est normal. Il ne date que de deux jours. Même si j’ai l’impression que cela dure une éternité tant mes pensées sont mélangées.

Le mot "autisme" est chargé de tant de représentations… j’ai du mal à me l’approprier, parce que, malgré toutes les recherches que j’ai faite, malgré tout ce que je sais, malgré le fait qu’il s’agit d’un "spectre"... et bien, j’ai encore du mal à considérer que mes difficultés, reelles, mais je m’en sors à peu près, sont à ce point fortes, suffisamment pour être de l’autisme. Et je me rends compte, de plus en plus, de tout ce que ça m’a couté jusqu’ici, de juste vivre. Ça fait un peu un coup, même si je suis soulagée de savoir. Pour ma mère, c’est pareil. On est un peu sonnés, et pourtant, je m’y attendais depuis deux ans.

Je ne réalise pas trop, en fait. C’est comme si il y avait deux entités en moi, une, celle que je suis ou que je croyais être, et l’autre, exactement pareille, mais plus mysterieuse, cette jeune fille porteuse d’un syndrome d’Asperger et qui toute sa vie, s’est battu, sans que la première entité ne parvienne à réaliser qu’il suffirait d’accepter pour qu’elles se rejoignent et fusionnent. Je ne réalise pas non plus que, ça y est, il n’y aura plus d’angoisses identitaires. Je sais, maintenant. Je ne suis pas nulle, je ne suis pas bête. Ni paresseuse, ni lamentable. Je suis juste différente. Et ça… cela fait tellement de temps que je me sentais mal à cause de ce que je percevais de moi… que de me dire que j’y suis parvenue, que j’ai reussi à me trouver, je peux à peine y croire.

J’accepterais. Avec du temps…